« Madrid, de lejos, parecía la Estrella de la Muerte. Darth Vader, pensé, aquí llegan tus guerreras, ábrenos la puerta. » 

Quatrième de couverture :

Amor: Una posibilidad remota para Rosa, que hipoteca su vida para pagar unos hijos que no puede disfrutar. Una memoria triste para Cristina, superviviente de una relación catastrófica con el sexo y las drogas. Un recuerdo borroso para Ana, que se pasa el día llorando en casa. Curiosidad: La última esperanza. ¿Hay otra vida más allá de los confines del día a día, de los escasos metros de refugio que proporciona un despacho de oficina, una casa de diseño o un bar tecnificado? Prozac: Veinte miligramos diarios que bloquean los puntos del cerebro donde se conectan las ideas y los sentimientos. Dudas: ¿Es posible sobrevivir al naufragio? Lucía Etxebarria ha construido una novela sobre la dificil búsqueda de la identidad femenina al margen de convenciones absurdas y estereotipadas, con un estilo personalísimo, esculpido a golpe de guiños y ambivalencias en el lenguaje de lo cotidiano.

L’auteure espagnole met en scène la vie de trois soeurs que tout oppose dans le Madrid des années 1990. Il y a l’impulsive Cristina, qui a renoncé à une carrière dans la communication pour devenir serveuse, afin de fuir le machisme ambiant et la routine dévastatrice des grandes entreprises. Elle mène une vie de noctambule, entre sexe et rock and roll ; femme libérée certes, mais sujette à des crises où elle extériorise sa haine du monde et d’elle-même avec violence. Viennent ensuite Rosa et sa douance, son goût du contrôle et ses tailleurs immaculés de femme d’affaires. Le cerveau puissant comme un ordinateur, elle est programmée pour la performance, ce qui la place en retrait du monde malgré un salaire mirobolant. Le seul homme digne de son intérêt est son cousin Gonzalo, celui même qui a volé l’innocence de Cristina alors qu’elle n’était pas sortie de l’enfance. Et finalement Ana, l’aînée, la mère de famille. Celle qui pleure de tout son corps à la caisse du supermarché ou le nez dans sa vaisselle en porcelaine. 

Ana trouve dans ses boîtes d’antidépresseur la manière de supporter la vie ; Rosa, en se noyant sous une pile de dossiers. Cristina, en se morfondant sur le deuil de ses amours sulfureuses avec Ian, sa dernière relation stable ; la nuit, elle travaille, et vagabonde dans la vie nocturne madrilène avec son amie Line, toujours dans l’excès, toujours en testant ses limites.

Dans ce récit à la première personne, l’auteure féministe signe un texte fort de par sa volonté de briser les tabous sur la condition de la femme moderne. 15 ans après la fin de la dictature, l’Espagne des années 90 banalise le harcèlement, les rapports sexuels sans consentement explicite et l’usage de la drogue pour faire taire les désirs de rébellion. Mais le texte est relativement intemporel puisque les thématiques abordées restent actuelles et au final, seul l’absence de technologies de communication dans le récit nous permet de savoir que nous nous trouvons au siècle passé. 

En dépit de quelques passages un peu longs lorsque Cristina décrit les frasques de sa vie sexuelle trépidante, j’ai aimé la manière dont les trois soeurs interagissent entre rivalité, incompréhension et solidarité. De plus, Extebarria possède cette force de faire cohabiter harmonieusement un style narratif oral, empli d’expressions familières, avec des passages très littéraires et quelques formulations choc et emplies de sarcasme, de type «  Hoy en día casi nadie sabe quién era Lilith, aunque todo el mundo conoce el mito de Eva. Los redactores de la Biblia se salieron con la suya. » En prime pour le lecteur, un horizon discrètement positif, une porte entrouverte vers l’espérance.

Il est à admettre que l’écrivaine ne fait pas dans la langue de bois et semble s’interdire de présenter les personnages masculins sous un jour positif. L’homme est par définition oppresseur ou lâche : le cousin violeur ; le père absent ; le mari aimant mais inutile face à la détresse de son épouse. Dans le livre, la vie de couple semble n’avoir que deux issues : l’ennui sans borne ou la passion qui conduit à la violence, au déchirement. Les ultraféministes diront que ces textes immodérés ont servi à l’avancement de la condition féminine contemporaine -l’égalité des salaires, la modification de la loi sur le viol, le mouvement #metoo. Peut-être pas faux.

Boocket, 2010.

Primera edición : Plaza & Janés, Barcelona, 1998. 

Traduction française : Amor, prozac et autres curiosités, 2011, 10/18 Domaine étranger.